Sitti Ousseine Jeannot Commerçante dans l’âme

 

Sitti Ousseine Jeannot s’impose peu à peu dans une filière qui était jusqu’ici dominée par des hommes. Douée d’une grande expérience dans le commerce, elle se bat aux cotés des hommes dans l’importation de bétail sur pied. Une activité souvent à risque mais qu’elle brave tous les jours.

Cela fait 17 ans que Sitti Ousseine Jeannot opère dans l’importation du bétail sur pied. Après avoir exploré le marché malgache jusqu’à la fermeture, elle s’est tournée vers la Tanzanie. Presque chaque trimestre, cette native de Moroni alimente le marché comorien de zébus et de cabris. Et pour se ravitailler, elle se déplace jusqu’au fin fond de la Tanzanie en terre Massaï. « Je pars très loin avec tous les risques que cela suppose. C’est dans une partie que vivent seulement les Massaï, donc pas de civilisation occidentale », affirme cette commerçante, mère de 2 enfants. Et ce n’est pas sans difficultés que l’épouse Jeannot se déplace dans ces endroits reculés. « On travaille avec des gens qui ne savent pas lire, ni écrire. On achète les zébus sans contrat écrit, ni rien. Tout se paie en espèce. Et une fois payer, pas de remboursement quelque soit les problèmes avec les zébus et les cabris », raconte cette vice-présidente de l’association des importateurs de bétail sur pieds.

Et comme si ces difficultés d’achat ne suffissent pas. Sitti Ousseine doit faire une aventure en louant un bateau pour transporter les zébus jusqu’à Moroni.  » Je loue un bateau sans assurance. Si les boeufs meurent, je ne reçois aucun remboursement. C’est contre vents et marrées que le voyage se fait « , martèle-t-elle. Et comme si les problème ne finissent par Madame Jeannot déplore une « concurrence déloyale ». « Pendant les vacances, l’Etat accorde des licences à des importateurs à des « Je viens » juste pour l’été. Et ils se retrouvent avec les mêmes droits que les importateurs réguliers », fustige Madame Sitti qui a hérité cette activité de son père,Feu Salimamoud. « Quand Salimamoud a arrêté l’importation, j’ai tout de suite pris la relève car j’aimais beaucoup », poursuit-elle.

L’importation des betails sur pied était une reconversion et un défi pour Sitti. Diplômée de coiffure et d’esthétique à Marseille en 1987, elle avait même ouvert un salon dans cette 5e île des Comores. « Après deux ans, j’ai fermé et tout vendu pour rentrer au pays. Une manière pour moi de participer au développement de mon pays. J’ai ensuite ouvert Miss Sitty coiffure, Après Sitty surprise et maintenant Arco deco », poursuit celle qui comptabilise 37 ans dans le domaine du commerce.

Aujourd’hui si son pari n’est pas loin d’être gagné, c’est grâce à son mari Ousseine Jeannot selon elle. « Il m’a accompagné depuis le début de l’aventure. Jamais il n’a lâché son soutien. Et surtout, il supporte mes absences pendant mes voyages à la recherche des betails », reconnaît Sitti Ousseine Jeannot.
Salwa Mag

 

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