Ahmed Moinafouraha, pharmacienne « Les comoriens résistent au changement… »

Pharmacienne de formation, Ahmed Moinafouraha est l’une des femmes actives de l’archipel. Elle a d’abord exercé dans le privé en montant sa propre pharmacie avant de se lancer en politique pour apporter savoir-faire au développement du pays. Ancien ministre de la santé, cette native de Mitsamiouli est à l’origine de plusieurs réformes sanitaires. Des réalisations que cette mère d’un enfant nous en parle à coeur ouvert dans cet interview exclusif à Salwa Mag.Pourquoi êtes-vous passée de la pharmacie à la politique?
Docteur en pharmacie, j’ai préalablement travaillé dans cette noble profession au service de notre population durant plusieurs années en veillant à la santé des comoriennes et des comoriens. Ensuite, je me suis engagée dans la politique aux côtés du Président Ikililou Dhoinine afin d’apporter ma modeste contribution au développement socioéconomique des Comores, le but étant de contribuer à réduire la pauvreté qui frappe les plus démunis d’entre nous. C’est ainsi que j’ai eu l’honneur d’être nommée ministre de la santé, de la cohésion sociale et du Genre de l’Union des Comores en 2011, un poste que j’ai occupé durant deux ans.

Quelles sont les grandes réalisations de ce parcours?

A part bien sûr, l’ouverture de ma pharmacie, j’ai eu durant mes fonctions de ministre à réaliser plusieurs activités parmi lesquelles, la mise en place du statut du centre hospitalier national, la dotation d’un extracteur d’oxygène dans cette structure afin de lutter contre les ruptures fréquentes d’oxygène, l’assainissement du fichier des contractuels du CHN, ainsi que l’affectation de plusieurs sages-femmes, infirmiers et médecins spécialistes dans les iles et dans les régions des Comores pour une santé de proximité et efficace. J’ai eu aussi la chance de rendre disponibles les médicaments essentiels dans les structures sanitaires et dans les pharmacies de cession en œuvrant en faveur de la restructuration de l’ancienne PNAC.
En effet, la PNAC était très endettée et présentait plusieurs dysfonctionnements structurels. Elle n’arrivait pas à accomplir ses missions et ses installations de production étaient vieillissantes et endommagées. Avec le nouveau statut, la CAMUC met à la disposition de la population des médicaments de qualité à des prix très bas. Je suis fière d’avoir fait voter cette loi.
Parmi mes grandes réalisations, je peux citer aussi, ma contribution à l’élimination du paludisme aux Comores. Comme tout le monde le sait, celui-ci constituait la première cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes. J’ai pu mettre également en place la gratuité des premiers soins dans le Service d’urgences de l’hôpital El Maarouf. Enfin, j’ai eu l’honneur d’accompagner la Campagne d’accélération de la réduction de la mortalité maternelle avant pendant et après l’accouchement.

Quelles sont les leçons tirées de ce parcours ?
La concertation et le dialogue social restent des conditions indispensables si on veut changer les choses.

Parlez-nous un peu de votre expérience professionnelle?
Elle m’a enrichi personnellement et socialement. Il est clair que j’aurais bien voulu réaliser beaucoup plus de choses mais le temps nous manque toujours.

Quel est votre engagement pour la femme ?
En ma qualité de ministre de la santé, j’ai accompagné certains mouvement dirigée par les femmes et en faveur de ces dernières notamment femme dans la course.

Vos meilleurs souvenirs ?
Chaque grande réalisation fut pour moi un souvenir inoubliable.

Quelles sont les difficultés rencontrées au cours de votre vie professionnelle?
Comme toutes les populations du monde, les comoriens résistent aussi au changement. La restructuration du CHN El Maarouf et celle de la PNAC ont été source de difficultés à cause de l’incompréhension de certains agents.

Un message pour les femmes
Engageons-nous dans les partis politiques, les associations de la société civile car nous devons être les actrices de notre destin et non les spectatrices. Beaucoup de pays sont dirigés aujourd’hui par des femmes, pourquoi pas nous ?

Propos recueillis par Salwa Mag

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