A l’occasion de la sortie de son premier livre « L’interminable Voyage » chez Edilivre, Itrisso.com a proposé à Ahmed ABDALLAH MGUENI d’en parler avec nous.
Itrisso.com : Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter ?
Ahmed A.M : Je suis Ahmed Abdallah Mguéni. Journaliste de formation et de carrière. Formé au Sénégal, je suis ancien rédacteur en chef de la Radio Comores et la Gazette des Comores après avoir exercé en tant que reporter à RFM Dakar et au journal Kashkazi. Je suis de ceux qui ont lancé la télévision nationale pour avoir été le premier le chef d’édition de ce médias. En même temps, j’ai collaboré avec plusieurs médias étrangers comme Réunion Première, Radio Canada, France 24, TV5, France Inter et bien sur RFI dont j’ai été leurs correspondant aux Comores. Actuellement, je me suis installé aux USA du coté de la Pennsylvanie depuis 5 ans où je m’occupe de la communication interne dans une société pharmaceutique française.
Itrisso.com :L’exil est il un passage obligé des jeunes générations insulaires de l’archipel des Comores ?
Ahmed A.M : J’avoue que la situation est compliquée pour la jeunesse car l’avenir est hypothéqué. Ces jeunes ne se retrouvent dans le système car abandonnés à leur sort. Donc la solution qui s’impose est l’exil. Malheureusement, ce n’est pas un simple exil mais une fuite de cerveau. Ces jeunes disent partir pour un moment mais la plupart du temps, ils ne reviennent jamais. Donc le phénomène est sérieux au pays.
Itrisso.com : Le parcours de Bédja est celui de milliers de jeunes africains qui fuient le continent ou les îles pour chercher une meilleure vie en Europe. Comment vous est venue l’envie de raconter cette histoire ?
Ahmed A.M : L’histoire de l’immigration clandestine et ses conséquences est toujours d’actualité. Il ne se passe aucun jour sans qu’on parle dans les medias. Si ce n’est pas une boutre qui a chaviré, c’est le racisme. Donc ce sujet me tient à coeur surtout que notre pays est très touché par ce fléau avec le cas de Mayotte, notre île soeur sous occupation française. J’ai fait des articles sur le sujet mais je considérais insuffisant. Idem pour l’autre sujet abordé dans le roman à savoir le mariage business des Comoriens de France. Il fallait en parler pour espérer une prise de conscience.
Itrisso.com : Finalement le périple de Bédja, avec les risques que cela comporte, en vaut-il le coup ?
Ahmed A.M : C’est une question embarrassante. C’est aux lecteurs de juger si il valait la peine en prenant tous ces risques pour en arriver à cette vie. Il faut dire que la plupart de ceux qui ont fait ce voyage ont regretté une fois sur la terre ferme. Ils disent qu’ils le referont jamais car ils ont côtoyé la mort. Maintenant à chacun de juger comment ils voient les choses.
Itrisso.com : Quel est votre objectif en écrivant ce livre ?
Ahmed A.M : De prime à bord, je précise en aucun moment, je n’ai écrit ce roman pour décourager les éventuels candidats à ce Voyage Interminable. Mon objectif est d’éclairer les gens sur ce voyage dangereux. Je voudrais que chaque personne qui prend le bateau ait une idée de ce qui l’attend. Une sorte de prise de conscience. Qu’ils comprennent que c’est au risque et péril de leur vie. Maintenant, si ils décident de partir au moins ils sont avertis. Ils ne vont pas déprimer comme Bedja.
Itrisso.com : Les Comores ont été écoeurés par les images des jeunes comoriens retrouvés et sauvés de justesse du commerce d’esclave en Lybie. Y a-t-il un rapport avec le parcours de Bédja ?
Ahmed A.M : Pas vraiment car au moment où ce scandale a éclaté, j’avais déjà envoyé le manuscrit chez l’éditeur. Mais cette situation est venue confirmer que j’avais raison d’écrire sur cette immigration clandestine. Et certes, il n’y a des prise d’otage dans le roman, mais les difficultés sont les mêmes. Dans le cas précis, on parle plus de mauvais traitement des candidats à l’immigration.
Itrisso.com : Avez-vous un message particulier pour nos lecteurs ?
Ahmed A.M : Je voudrais ajouter que ce roman, il n’y a que les noms qui sont faux. Mais la plupart des faits sont réels. Ce n’est pas une seule personne qui a vécu cette situation mais plusieurs personnes qu’on trouve à un moment ou à un autre du récit. C’est en réalité un travail journaliste, une enquête de terrain. J’ai dû interviewer plus d’une dizaine de personne avant d’écrire le roman. Donc ce sont des faits réels mais que les auteurs n’ont pas voulu témoigner à visage découvert. D’où l’idée du roman. Merci à vous!
Itrisso.com : Merci de votre disponibilité
Pour le commander :
https://www.edilivre.com/l-interminable-voyage-2a01ff9b17.html