Ichata Said, Hagnoi Sirikali La reine de Volo-Volo

 

Ichata Said est le pilier central de Volo-volo, le grand marché de Moroni. Toutes les décisions concernant le marché passent par elle car sans son aval rien ne peut se faire. Parmi les doyennes du marché avec 45 ans d’expérience en tant que vendeuse, elle est aussi connue pour son verbe qui fait trembler plus d’un politique.

Au marché de Volo-volo, Ichata Said est plus connue sous le pseudo de Hagnoi ya sirikali (La grande gueule). Un surnom qu’elle accueille avec philosophie et fierté. « C’est normal qu’on m’appelle par un surnom car aucun grand Homme n’est connu par son vrai nom ». D’après elle, ce sobriquet est l’oeuvre de l’ancien président Sambi pour qualifier son franc parler et surtout son leadership dans ce principal marché de la capitale. A 70 ans, Ichata Said est en elle seule, le syndicat du marché. Pour qu’une décision, même étatique, soit applicable dans ce centre névralgique du pays, elle doit avoir son approbation car son veto est fatal. Une situation qui a fait qu’elle est courtisée par tous les régimes en place et tous les politiciens car elle influence considérablement les autres femmes du marché.

Normal. Cela fait plus de 45 ans que cette femme originaire de Ivembeni exerce le métier de vendeuse dans le marché de Moroni. « J’avais 25 ans quand j’ai commencé. J’ai débuté par vendre des tomates et depuis 6 ans je me suis lancé dans la vente du lait ». Mère de 12 enfants, elle est aujourd’hui plus que fière de son métier qui lui a permis d’élever sa progéniture. « Grâce à ce travail, mes enfants ne manquaient de rien. Ils sont grands actuellement. Certains sont en France et d’autres ici au pays dans des sociétés d’Etat », se gratifie celle qui vit dans le quartier Ambassadeur à Moroni. Fière qu’elle est, elle voudrait que l’une de ses 7 filles prenne sa relève au marché. « Si ce n’est parce que mes filles voudraient travailler toutes dans des bureaux, je les conseillerais d’ouvrir un commerce comme moi au marché car c’est bénéfique », souhaite-t-elle. Mais son voeux est loin d’être exaucé car ces mêmes enfants souhaitent qu’elle parte à la retraite. « Mes enfants m’ont demandé d’arrêter. Ils m’ont promis de m’acheter des voitures ou m’ouvrir une boutique mais je me sens pas prête. Je crains qu’en arrêtant, je deviendrais malade », insiste celle qui a connu deux maris dans sa vie.

Elle prend du plaisir dans son travail et pourtant les difficultés ne manquent pas. Etre vendeuse au marché est un boulot incertain. Bien que pendant le mois d’août en plein saison des « je viens », tout se passe bien mais la plupart du temps, c’est l’incertitude. « Souvent, on a du mal à écouler nos marchandises et le problème en est qu’on a pas les moyens de les conserver. Donc la plupart du temps, nos produits pourrissent sans qu’on puise faire quelque chose », déplore celle qui a construit dans son village natale mais aussi à Moroni. « Mais on ne peut pas tout gagner, relativise-t-elle. Je gagne un peu d’argent mais surtout je me fais beaucoup de connaissance. Donc, c’est suffisant ». Et preuve qu’elle s’est faite des connaissances, le jour de son mariage, c’est le président de la république de l’époque en personne qui s’est déplacé pour la circonstance.

Salwa Mag

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