Laila Saïd Hassane , directrice exécutive de la Meck-Moroni  » Faire de la Meck, la banque de la diaspora »

 

Née à Mitsamiouli, Laila Saïd Djambaé est l’actuelle directrice exécutive de la Meck-Moroni. Recrutée sur concours il y a deux ans pour accéder à ce poste, l’épouse Saïd Hassane a engagé des reformes pour mieux servir les clients de cette institution financière. Des efforts qui commencent à payer car sa mutuelle d’épargne et de crédit vient de décrocher le Prix Entrepreneur 2014 dans le cadre des Business Awards de la Chambre de Commerce des Comores. A 40 ans, cette mère de 3 petits garçons a une longue expérience derrière elle dans les institutions financières. Partie en France à l’âge de 8 ans, elle est diplômée de l’Institut National des Télécommunications, une école de commerce orientée vers les nouvelles technologies en France. Cette détentrice d’une Maîtrise des sciences de gestion obtenue à l’Université Paris IX Dauphine nous parle de cette nouvelle aventure, ses projets et pourquoi elle a décidé de quitter la France et la banque Société Générale où elle a travaillé pendant plus de 10 ans pour rejoindre les Comores. Interview

 

Parlez-nous de votre parcours professionnel?
J’ai fait toute ma carrière dans le domaine de la finance. En effet, à la fin de mes études en 1999, j’ai intégré le pôle « Banque & Finance » d’un cabinet d’audit et de Conseil en informatique et télécommunications, appelé Cap Gémini. Puis en 2001, j’ai rejoint
le Groupe Société Générale, au sein de la Banque d’Investissement. J’ai d’abord intégré la Direction Informatique du Groupe, puis je suis passée du coté des opérations bancaires d’abord sur les marchés actions et dérivées actions puis au sein du pôle obligataire, notamment au sein du back-office dédié à la gestion des dettes souveraines.
En 2012, j’ai quitté le Groupe Société Général, j’ai pris une année sabbatique. En juin 2013, j’ai intégré Meck-Moroni en tant que Directrice Exécutive.

Pourquoi vous avez quitté la France ?
Comme beaucoup d’immigrés, j’ai toujours porté en moi le rêve de revenir au pays, pour apporter ma contribution à l’édification nationale, et profiter un peu du bon vivre supposé de la terre qui m’a vu naître. Et puis au cours des dernières années, avec mon mari, notre désir de rentrer au pays s’est précisé: nous ressentions que nous avions quelque chose à apporter ici; et puis nous voulions que nos enfants grandissent un peu aux Comores afin qu’ils connaissent d’avantage leur pays d’origine. Ainsi nous nous sommes efforcés de créer les conditions matérielles d’un retour, en construisant un logement, et en programmant notre grand mariage. Et puis j’ai démissionné de Société Général afin d’être plus libre et plus à l’écoute de ce qui se passe au pays. Lorsque le poste de Directeur de la Meck-Moroni s’est libéré, j’étais disponible et déterminée à réussir.

Quelles sont vos objectifs à la tète de la Meck-Moroni?
Tout d’abord, je souhaite préserver et perpétuer l’œuvre de mon prédécesseur qui a déjà beaucoup fait pour cet établissement, en dotant Meck-Moroni d’une assise financière et commerciale solide.
Mais au delà, j’aimerai poursuivre la politique de modernisation notamment en mettant à la disposition des membres de Meck-Moroni les moyens de paiement modernes leur permettant de mieux gérer leurs avoirs.
J’aimerai également rapprocher la caisse de ses membres en multipliant les points de service dans la zone d’intervention qui est une des plus étendue, et qui comprend les régions de Moroni, de Bambao, d’Itsandra et de Hamanvou .
De plus, je souhaiterai que Meck-Moroni joue un plus grand rôle dans le développement du secteur productif, et notamment le secteur productif agricole, qui est le plus à même de créer de la valeur et de l’emploi durable dont notre économie a tant besoin.
Enfin, j’aimerai Meck-Moroni et le réseau Meck en général soit la banque de la Diaspora comorienne. Je souhaite que nous soyons à même d’obtenir la confiance de nos compatriotes vivants à l’étranger et ainsi de canaliser l’épargne qu’ils mettent à la disposition de notre pays. En retour nous devons les accompagner dans leurs projets personnels et professionnels.

En 2 ans qu’avez-vous apporté à l’Institution?
Cela fait 2 ans que je suis à la tête de Meck-Moroni. Il est encore un peu tôt pour faire un bilan, mais je peux dire que j’ai réussi à maintenir, voire à renforcer les performances financières de la caisse. Par ailleurs, de nombreuses initiatives sociales ont été initiées pour mieux mettre en avant la dimension sociale de notre Institution. Enfin nombreuses actions qui entrent dans le cadre des objectifs que nous avons évoquées plus haut sont déjà lancées et devraient nous permettre de concrétiser des avancées majeures d’ici la fin de l’année.

N’est-il pas difficile de mener une vie professionnelle de haut niveau et une vie de famille ?
Si cela est toujours compliqué, et demande beaucoup d’organisation. Les femmes, quelque soient leur position professionnelle, restent avant tout des mères et des épouses. Et lorsque l’on est cadre, on a bien sur moins de temps pour la famille et cela provoque parfois des frustrations profondes surtout que j’ai moi même bénéficié de l’attention d’une mère, qui a consacré toute sa vie à ses enfants et son mari. Par conséquent, je m’efforce d’optimiser le temps que je passe avec eux en étant plus à l’écoute et en allant à l’essentiel. Par ailleurs, j’ai la chance d’avoir un conjoint qui m’a toujours encouragé dans ma carrière et a su s’adapter à mes contraintes professionnelles.

Quel serait votre message aux femmes comoriennes?
Je pense que les Comores, à l’instar du monde d’aujourd’hui, reconnaissent la valeur de la femme et offre aux femmes des opportunités majeures. Nous les femmes, nous devons donc être à l’écoute de ce monde qui a besoin de nous, de notre efficacité, de notre pragmatisme et de notre capacité à transformer une idée en projet, et un projet en réalité. Tout cela nous le faisons déjà très bien dans la sphère privée. Nous devons maintenant nous intéresser et nous intégrer dans la sphère publique et politique, dont le bon fonctionnement est une condition nécessaire pour que nous transmettions à nos enfants un pays plus apaisé et plus prospère que celui que nous vivons.

Propos recueillis par Salwa Mag

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