Bouchrati Abdoul Halim est l’une des rares femmes professeur de philosophie aux Comores. Depuis quelques années, elle s’est investie dans la politique dans son Mohéli natal. Malgré quelques réalisations, elle dénonce les obstacles que font face les femmes comoriennes dans la politique.
Teint noir ébène, le visage imposant, Bouchrati Abdoul Halim est une femme charismatique. A 46 ans, celle qui est née à Djoiezi a été secrétaire de la coordination de l’action gouvernementale à Mohéli avant d’être Ministre de la santé, de la solidarité et de la promotion du genre au cours du premier mandat de Mohamed Ali Said. De ces passages à l’exécutif de l’île de Djoumbé Fatima, Bouchrati Abdoul Halim déplore le problème d’intégration de la femme dans les sphères de décision. « Il n’est pas facile pour une femme de faire de la politique aux Comores puisque les coutumes, les moeurs et la religion nous font obstacle », assène cette mère de 3 enfants. Bouchrati insiste aujourd’hui que les femmes sont lésées dans le partage du pouvoir. » Ce sont les femmes qui mobilisent beaucoup de gens pour aller voter mais elles sont absentes au moment du partage de pouvoir », regrette cette actuelle conseillère du gouverneur de Mohéli en charge de la solidarité, de la cohésion sociale et de la promotion du genre.
Malgré ces difficultés, elle se gratifie d’avoir « mise en place la pharmacie de solidarité pour les enfants de la naissance à l’âge de 7 ans mais aussi l’ouverture d’un centre d’écoute des enfants victimes des maltraitances ». Et en tant que militante de première heure pour la promotion des droits de la femme, elle est à l’origine de « la mise en place de la plateforme des femmes pour la lutte contre les violences faites aux femmes et l’installation d’une ligne verte en faveur des enfants et femmes victimes des violences ». Des actions qu’elle a aussi réalisé alors qu’elle était conseillère du gouverneur en charge des affaires sociales ou commissaire en charge de la promotion du genre, solidarité et cohésion sociale en Union des Comores.
Bouchrati Abdoul Halim s’est imposée d’abord dans l’enseignement avant de se lancer en politique. Formée à Madagascar, elle a enseigné la philosophie au lycée de Fomboni pendant 4 ans. « La philosophie, c’est la vie de tous les jours. J’ai choisi de l’apprendre pour me permettre de marcher avec aisance dans les réalités quotidiennes et être une femme de situation », raconte cette femme pour expliquer son choix de la Philosophie. Et même si, elle n’enseigne pas car trop prise par la politique, elle assure que » je n’ai pas quitté l’enseignement, c’est ma profession. M’investir dans la politique, c’est aussi une opportunité de marquer la place de la femme dans la société et être présente dans les sphères de décision ».
Salwa Mag